Pf4baissedelamortaliteeneurope.html
Vouloir placer au même niveau la réduction du nombre de tués dans tous les pays de l’Union Européenne a été un des piliers de l’entreprise de désinformation conduite par Airy Routier dans son livre et dans la vidéo placée sur le site internet du Nouvel Observateur.
Il reconnaît les bons résultats de la France, il admet également qu’elle a été la première au cours des années qui précèdent 2007, mais il affaiblit constamment cette réalité avec deux procédés qui dénaturent son interprétation.
Les phrases importantes de ses propos sont les suivantes :
« Personne ne nous dit cependant que cette baisse rapide du nombre de tués
concerne en même temps toute l’Europe, à l’exception de certains nouveaux
pays entrants de l’Est, en particulier la Pologne. Qu’il s’agit avant tout
d’une évolution culturelle majeure » (FSP p.9) »
Les précisions sur les valeurs de la réduction des tués dans différents pays
européens : « L’European transport safety council (ETSC) organisation
indépendante basée à Bruxelles, dédiée à la réduction du nombre d’accidents
routiers, indique que la France fait partie des meilleurs élèves sur la
période 2000-2005. Avec une baisse de 34,8% des accidents mortels, elle
devance le Luxembourg (-34%), la Belgique (-26,7%, le Portugal (-25,7%), la
Suisse (-24,8%), les Pays-Bas (-24,5%), la Suède (-24,5%) et l’Allemagne
(-23,2%). Les plus en retard sont la Lituanie, la Hongrie, l’Irlande et la
Pologne. Mais la France venait de plus loin en raison de l’inefficacité du
gouvernement Jospin dans ce domaine : de mai 1997 à mai 2002, le nombre de
tués n’a baissé que de 2,2%, de 8008 à 7828 » (FSP p.41)
vidéo mise sur le site du Nouvel Observateur le 27 mars 2007 : « je dis simplement, que, je reconnais même partout, que la France a eu le record du monde, le record d’Europe depuis les trois dernières années on a baissé de 35% le nombre des morts. Ce que personne ne dit, c’est que les allemands ont fait 28, que les anglais ont fait 31 »
Commentaires :
Il convient de développer ici l’analyse résumée dans le document
Apolitique2002resultats.html qui regroupe l’ensemble des désinformations
concernant les effets de la politique entreprise fin 2002. L’objectif d’Airy
Routier est de démontrer que même si la France avait été la meilleure
pendant la période 2000-2005, tous les pays de l’Union à l’exception de
certains pays de l’Est avaient fait de grands progrès. Là encore nous ne
sommes pas en présence de quelques erreurs que l’on pourrait mettre sur le
compte de l’incompétence, mais d’une manipulation associant trois procédés.
La sélection des valeurs qui vont dans le sens de son raisonnement et
l’élimination de celles qui sont en contradiction avec ses conclusions.
L’énumération des valeurs de l’ETSC citée ci-dessus est un modèle du genre.
Les faibles progrès du Royaume Uni (-6,8%) et de l’Italie (-17,8%) ne sont
pas cités.
L’absence de reconnaissance de la brutalité de la réduction de la mortalité
en France à partir de décembre 2002 qui anéantit l’hypothèse « culturelle »
prise dans le sens d’une évolution spontanée du comportement des
conducteurs. Ce déni est particulièrement net dans la vidéo du 27 mars 2007.
La contradiction logique est évidente quand d’une part Airy Routier veut
attribuer l’évolution vers une conduite apaisée à un phénomène « culturel »
commun à la majorité des pays européens, tout en utilisant l’argument de la
France qui « venait de plus loin en raison de l’inefficacité du gouvernement
Jospin ». La stagnation des résultats français durant la période 1997/2002
était bien la preuve que « l’évolution culturelle » de la sécurité routière
n’est pas un phénomène spontané. Elle est le produit des actions publiques
destinées à réduire la vitesse et la mortalité, les deux variables étant
étroitement liées. Chaque pays à des inflexions dans sa courbe de mortalité
provoquées par des actes. A tout moment Airy Routier est coincé entre
l’obligation de reconnaître que la politique française a eu des résultats
exceptionnels et sa volonté de démontrer son caractère inacceptable. C’est
la contrainte sur le respect des vitesses qui a mis la France en tête des
pays européens dans la période 2000-2005 et si cette contrainte était
réduite, les résultats de dégraderaient.
Rappelons que la période de référence pour apprécier la différence de
résultats entre la France et les autres pays européens doit inclure la
totalité de la période couverte par la nouvelle politique de sécurité
routière et prendre comme point de départ mai 2002 ou l’ensemble de l’année
2002. Avec cette dernière référence (2002/2006) nous avons une réduction de
la mortalité qui est de 7655 à 4709 en France soit -38,5%, de 6842 à 5091 en
Allemagne, soit 25,6% et de 3431 à 3336 au Royaume Uni soit 2,7% !
Les deux chiffres cités dans la vidéo du 27 mars 2007 concernant la réduction de la mortalité en Allemagne et en Angleterre (28 et 31%) sont faux. Entre 2002 et 2005 l'Allemagne est passée de 6842 à 5361 tués soit une baisse de 21,6% et L'Angleterre de 3431 à 3201 soit une baisse de 6,7%. La France passant de 7654 à 5318 soit une baisse de 30,5%. (la réduction sera de 41% pour la période mai 2002/fin 2006)
Les données numériques utiles sont directement disponibles sur les
sources numériques européennes et sur les sources documentaires françaises.
Il est facile de consulter les bilans annuels publiés par l’ONISR. Chaque
année le nombre de tués dans les différents pays de l’Union est documenté.
Les pages correspondantes de deux bilans de l’ONISR publiés par la
documentation française sont reproduites. Elles correspondent à la période
de rédaction et de publication du livre La France sans permis :
DtuesUE1970a2005.pdf
DtuesUE1970a2006.pdf
Les autres documents produits pour évaluer comparativement les résultats des différents pays européens sont présentés :
Les graphes cités en référence ci-dessus sont les meilleures preuves de cette absence de synchronisme dans l’évolution de la mortalité routière dans les différents pays de l’Union. La cassure de la courbe représentant la situation française est soudaine et importante. Les variations étant exprimées en pourcentage par rapport aux valeurs de 1997, il faut signaler que le très bon résultat du Portugal (PT) sur l’ensemble de la période doit être relativisé car le bilan initial était très mauvais pour ce pays. Malgré sa réduction de 60% de sa mortalité en 9 ans, le Portugal a un taux de mortalité par million d’habitants encore supérieur de 20% au taux français. La flèche rouge verticale a été ajoutée au graphique de l’ETSC pour marquer la rupture de pente survenue en France en 2003.
Ces tableaux et ces graphes permettent de comprendre à quel point la rupture observée en France à partir de 2002 a été un événement très particulier, en totale contradiction avec les propos et les écrits d’Airy Routier qui tentent de le banaliser au sein de l’évolution favorable observée dans tous les pays industrialisés sur une période longue. L’amélioration des véhicules et des infrastructures a un rôle important dans ce progrès régulier, alors que les modifications datées de la rigueur dans l’application des règlements provoquent des inflexions dans les comportements qui peuvent être observés d’une année sur l’autre.
Figure 11 évolution relative du nombre annuel de tués par pays (Belgique
à Italie) 1997-2006
La flèche rouge indique l’année de la chute brutale de la mortalité routière
en France en 2003
BE Belgique
DK Danemark
EL Grèce
ES Espagne
FR France
IE Irlande
IT Italie
Figure 12 évolution relative du nombre annuel de tués par pays
(Luxembourg à Royaume Uni) 1997-2006
LU Luxembourg
NL Pays-Bas
AT Autriche
PT Portugal
FI Finlande
SE Suède
UK Royaume Uni