1er décembre 2012

Réanimation du CNSR - une relance organisationnelle

Tous les gouvernements affirment vouloir organiser le débat public, la recherche de consensus, la participation de la société dite civile, la transparence dans la prise des décisions. Dans la réalité, ces expressions sont souvent vides de sens. Certaines d'entre elles sont à l'évidence de nouveaux habits destinés à favoriser l'apparence, sans que les pratiques soient au niveau de l'ambition de ces nouvelles appellations.

Leur formulation provoque déjà des doutes.

L'idée même de consensus est habituellement un leurre quand un sujet de décisions fait surgir des oppositions irréductibles, parce que les objectifs privilégiés sont différents et opposés. L'objectif des décideurs est de trouver un compromis. Il est habituellement bon quand il ne satisfait pas l'un des camps et l'on est alors bien loin de la solution miraculeuse avec embrassade généralisée. Dans le domaine de la politique de sécurité routière, la fixation de vitesses maximales sur tous les réseaux routiers en juillet puis en décembre 1973 a été l'expression d'un choix politique qui ne relevait pas du consensus. Ce fut également le cas avec le retour à la crédibilité des contrôles de vitesse en décembre 2002 avec la fin des "indulgences", la réduction de la tolérance des excès de vitesse modérés produisant la moitié des morts et l'installation des radars automatiques en octobre 2003.

La notion de "transparence" est un autre terme dont il faut se méfier. La transparence n'assure pas la compréhension ni la sincérité. Cette dernière existe quand tout le processus est visible, apparent et non transparent. Quand on sait qui fait quoi, avec ses motivations et ses arguments. Quand le protocole entre les vendeurs d'instruments destinés à rendre les radars inefficaces et le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a été publié, nous avons pu constater l'intensité de l'enfumage. Partant de bases fausses, le raisonnement qui a été développé sur la signalisation de zones dangereuses a abouti à des procédures absurdes exigeant des préfets la définition de ces zones dont on sait qu'elles ne peuvent réunir qu'une proportion très faible des lieux où se sont produits les accidents mortels. A ce défaut de pertinence de la démarche s'est ajoutée la mauvaise foi qui consiste à s'engager à ne pas signaler les radars déplaçables, alors que les abonnés aux dispositifs concernés continuent à le faire, sans que l'on mette en place les mesures techniques qui bloqueraient cette pratique contraire à l'accord signé.

Nous allons voir si le nouveau CNSR sera capable de redonner du souffle à la politique de sécurité routière. Il ne pourra pas le faire dans le cadre d'un consensus mou. Son succès sera au niveau de la pertinence de ses choix et de la vigueur avec laquelle il saura les porter auprès des décideurs.

Comme je le fais périodiquement, j'ai résumé la situation dans un texte accessible sur le site, avec mes habitudes qui consistent à associer l'expertise des connaissances à l'expertise décisionnelle (format pdf - 91 pages) :

Problématique politique et scientifique  de la sécurité routière

Le débat sur la vitesse dépassant les limites du ridicule, il m'a semblé utile de produire un nouveau texte reprenant les problèmes de vocabulaire spécifiques de cet aspect de l'accidentologie et illustrant ses déviances.

Savoir parler de la vitesse

Les trois documents suivants, accompagnant l'installation du CNSR, témoignent d'aptitudes différentes dans l'usage de la notion de vitesse.