janvier 2007

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2007 une année incertaine

2002 a marqué la transition entre une période de passivité face à l'insécurité routière et une période d'activisme qui n'avait pas été observée depuis l'été 1973. Les résultats ont été indiscutables avec une réduction de la mortalité de 40% en 5 ans. Aucun pays au monde n'a observé une telle réduction durant cette période. Je ne reviens pas sur l'analyse des méthodes mises en oeuvre et sur le retour de la crédibilité du système de sanctions, ces faits sont maintenant bien connus et il devient exceptionnel de rencontrer une personne discutant l'influence de la réduction de la vitesse moyenne de circulation sur l'accidentalité et la mortalité routière.

Rémy Heitz a quitté son poste de délégué interministériel à la sécurité routière et de directeur de la sécurité routière, il a été remplacé par Madame Cécile Petit, une magistrate succède à un magistrat. Ce type de choix à un sens, il met en évidence  la reconnaissance par les politiques de l'importance du dispositif de contrôle et de sanction dans l'obtention de résultats dans le domaine de la sécurité routière.

Les actions au niveau des véhicules sont beaucoup plus contradictoires. Les améliorations de la sécurité primaire et secondaire des véhicules se poursuivent et ce sont les industriels qui les produisent. Dans le même temps ils accroissent la puissance, la vitesse maximale et le poids des voitures particulières, ce qui témoigne d'une forme d'irresponsabilité acceptée par les pouvoirs publics. Le jour où l'Union Européenne assumera ses responsabilités et étendra la limitation de la vitesse à la construction à l'ensemble des véhicules utilisant une infrastructure unique nous sortirons de cette dérive dangereuse qui est en contradiction avec un ensemble d'exigences, dont celle de réduire notre consommation de pétrole et la quantité de dioxyde de carbone produite chaque année. Les progrès dans les rendements des moteurs, dans les aciers spéciaux et dans la conception des structures des véhicules doivent être utilisées pour provoquer une décroissance rapide de la vitesse maximale, du poids moyen et de la consommation, sans altération de la sécurité secondaire.

L'infrastructure continue de progresser comme elle le fait depuis une quarantaine d'années, mais les effets en terme de réduction de l'accidentalité et de la mortalité subissent un effet de rendement décroissant qui est inévitable. Les suppressions de "points noirs" ont commencé au début des années soixante comme une application pilote des méthodes de rationalisation des choix budgétaires. Il est maintenant évident que les zones d'accumulation d'accidents ne sont plus de véritables points noirs accessibles à un traitement local d'une courte section de voie ou d'une intersection dangereuse. Il s'agit d'itinéraires dangereux sur de longues portions de routes à deux ou trois voies sans séparation des circulations qui supportent un trafic important et réduire leur dangerosité implique des investissements importants. Le seul espoir à court terme dans le domaine de l'infrastructure est d'obtenir enfin une expertise de la signalisation et des choix en matière de limitation de vitesse pour obtenir une plus grande lisibilité des routes. Ces mesures sont demandées depuis une vingtaine d'années mais elles ne sont pas effectives.

L'élection présidentielle va être l'occasion de développer le débat démocratique sous la forme d'un questionnement des candidats sur leurs intentions. Un groupe de cinq médecins avait commencé en 1988 à poser des questions dans le champ de la sécurité sanitaire et certaines d'entre elles concernait déjà la sécurité routière et notamment la vitesse inutile et dangereuse. Nous poursuivons cette pratique. Les questions et les réponses sont ou seront présentées sur le site www.securite-sanitaire.org Quatre d'entre elles portent sur la sécurité routière et les véhicules (bonus/malus en fonction de la consommation, limitation de la vitesse à la construction, expertise de l'infrastructure routière, suppression de toute amnistie des infractions au code de la route). Les questions seront finalisées le 15 janvier, les réponses mises en ligne à partir du 15 février avec nos commentaires.

Le concept de "voiture citoyenne" continue de faire son chemin, un nouveau classement a été publié en novembre et un colloque qui s'est tenu au ministère de l'équipement a fait le point sur ce concept assurant le classement des voitures particulières sur quatre critères (la protection des occupants, la protection des usagers vulnérables, la protection des occupants des autres voitures et la consommation). Il est intéressant de remarquer que dans le segment des voitures "raisonnables" les marques qui ont de bons résultats commerciaux classent plusieurs véhicules dans les cinquante premier du classement qui est disponible sur le site dédié www.voiture-citoyenne.fr

Après le rejet de son recours devant le Conseil d'Etat concernant la mise en circulation de véhicules inutilement rapides et de ce fait inutilement dangereux, l'association qui conduit cette action poursuit son parcours judiciaire devant la cour européenne de défense des droits de l'homme. Si la France peut refuser toute responsabilité dans la délivrance de cartes grises à des véhicules qui sont conçus pour transgresser les limitations de vitesse en utilisant l'argument d'une réglementation communautaire à laquelle nous ne pouvons déroger, elle doit agir efficacement au niveau de l'Union et elle ne le fait pas, d'autre par l'Union ne peut transgresser l'article 3 de la déclaration universelle des droits de l'homme concernant le droit à la sûreté sans permettre le recours de particuliers ou d'associations devant la Cour de Justice des communautés européennes. L'ensemble de ce dossier est disponible sur le site www.apivir.org

Ces difficultés pour obtenir que notre société introduise de la cohérence entre les objectifs reconnus et les moyens mis en oeuvre ne doit pas nous faire oublier la réussite de la politique de contrôle et de sanctions développée depuis cinq ans. Des milliers d'usagers entrent dans cette année 2007 parce qu'elle a été mise en oeuvre. Sans elle ils seraient en terre ou dispersés dans la fumée d'un incinérateur. Chacun de nous doit être capable d'imaginer qu'il fait partie de ce groupe qui aurait pu mourir.