le bilan à la fin du mois de mars 2018

Quel espoir après 4 ans d'insécurité routière ?

J'ai décrit au cours des derniers mois :

1/ Le mécanisme du désastre actuel.
2/
Les bases de l'accidentologie politique
3/ L'analyse des propos tenus par le candidat Emmanuel Macron

J'ai produit Un avis personnel sur les mesures envisageables si l'on souhaite réduire ce qui demeure la première cause de mortalité chez les jeunes adultes et la première cause de mortalité au travail.

Un texte publié par le Journal du Dimanche le 3 décembre a résumé les communautés d'intérêt entre la réduction de la mortalité sur les routes et la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Il convient maintenant de commenter les décisions gouvernementales adoptées au cours du Comité Interministériel de la Sécurité Routière qui s'est tenu le 9 janvier. L'abaissement à 80 km/h de la vitesse maximale sur le réseau non autoroutier hors agglomération marque la fin de la passivité des pouvoirs publics au cours des dernières années.

Au dela des détails techniques, le projet qui a été défini exprime une rupture comparable à celles que nous avons connues en 1973 et en 2002. Comme à ces deux moments clés de la politique de sécurité routière, le rôle dominant de la vitesse dans l'accidentalité est reconnu. Il n'y a que deux facteurs intervenant constamment dans la production de l'accident et de ses conséquences, il s'agit du trafic et de la vitesse.

Les textes suivants et ceux à venir vont commenter ce moment important de la politique de sécurité routière, ils concerneront :

Nous sommes à la mi-temps d'une situation complexe caractérisée par le mélange des genres. La sécurité routière est utilisée par des politiques irresponsables qui tentent de se reconstruire après les bouleversements de l'année 2017. Les prises de position en faveur de la sécurité routière ont toujours exprimées dans le passé le volontarisme et le courage de décideurs privilégiant le respect humain et les impératifs de sécurité. A la fin de l'année, quand le choix du Premier ministre aura produit ses résultats, ceux qui ont tenté de lui faire renoncer à l'abaissement de la vitesse maximale apparaîtront pour ce qu'ils sont : des asociaux incompétents.

La frontière entre les "touche pas à ma vitesse" et ceux qui souhaitent réduire la production de gaz à effet de serre, réduire le déficit de notre balance des paiements et par dessus tout réduire le nombre de tués et de handicapés par accident, ne se situe pas au centre. Elle a toujours été déportée vers la droite de la droite. Quand le permis à points a été affaibli par une initiative parlementaire, c'est la droite populaire qui a fait plier Nicolas Sarkozy fin septembre 2010. Le Front National s'est constamment opposé aux mesures de sécurité routière au cours des trente dernières années, avec la contradiction permanente associant une revendication de plus de sécurité et de l'affaiblissement du dispositif de contrôle et de sanction dont l'objectif est de réduire l'insécurité. L'expression radars-pompes à fric est devenu le marqueur de ce clivage, comme si le budget de l'Etat n'était pas celui de l'ensemble de notre société démocratique. Les vieilles racines du trop d'impôts à l'origne du poujadisme et du mouvement de Jean-Marie le Pen sont toujours là. Il n'est pas surprenant de voir un avatar de cette tendance prenant la forme d'Eric Zemmour osant l'expression de "si dangereuse décision de limitation de la vitesse sur les routes", la "main sur le radar" ne pouvant être qu'une "main sur le tiroir caisse".

Finalement l'excès de mensonges et de manipulation des faits a atteint un niveau de déni qui a dévalorisé les propos des opposants à l'abaissement de la vitesse maximale. Elle va favoriser l'acceptation de la mesure et la détermination exprimée par le Premier ministre nous permet d'être optimiste.